Un premier regard
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- Publication : dimanche 29 novembre 2020 16:45
- Écrit par Dr Zol
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UN PREMIER REGARD
La première lecture laisse ce délicat et délicieux silence imposé par la présence, la force d’une science des mots que seul un poète aussi subtil que Pierre Garnier offre aux lecteurs comblés.
Parmi les nombreuses possibilités d’aborder un tel poème, il y eu d’abords la tentation du commentaire de textes : métaphores, contradictions, personnification, allitération et autres figures de styles obligeant le lycéen ou le candidat à un concours à affronter cette maîtrise de la langue française dompté par un Pierre Garnier totalement maître de son art, de sa plume rappelant au passage que la beauté et la dignité d’un poème se mérite, se goûte et se partage avec savoir faire.
Mes années lycées étant fanées, c’est en tant qu’auteur que je suis invité à aborder ce grand poème. Alors, arrive l’heure de la seconde lecture, un rêve, une troisième lecture, et l’envie de partager à son tour toutes les saveurs encore en tête.
A travers ce texte, c’est aussi un Pierre Garnier philosophe et politique que je retrouve. Philosophe par des questions universelles :
« La beauté ne t’empêche pas de mourir Mais l’amour t’empêche de mourir »
A quoi bon être belle si l’on a pas d’amour à donner ou à recevoir ?
De l’amour, Pierre Garnier comme son poème en est empli, sans jamais s’y noyer. On se laisse prendre dans le courant de ce poème fleuve véritable hymne à la femme et au féminin en particulier.
Les yeux du poète voit en la femme, une forêt, une biche, une fleur, une rivière où s’écoule le temps, la vie.
Alors nous aussi, on a envie de se gonfler d’amour, de reprendre espoir à prendre en ce monde ce qu’il a de meilleur : l’amour ! Un amour sans les déguisements de la vulgarité, sans l’animalité des hommes. Ce poème s’adresse à toi, si tu es encore capable de suivre du regard une femme en talon aiguille sans arrière pensées. Vous savez, ces milliards de regards qui en chaque instants, en chaque endroit se poses toujours avec maladresse sur les fesses des déesses… A la lecture de ce poème, on reprend espoir à imaginer des hommes retrouvant le plaisir d’aimer dans ce que la pureté de l’amour a de plus intense à offrir.
Pierre Garnier nous le rappelle le feu est un mot masculin quand la lumière est un mot féminin. Le feu de la lumière et la lumière du feu équilibre le monde.
Puisque c’est du féminin que dépend la survie de l’espèce humaine, l’homme ne peux ignorer que le féminin c’est aussi la racine, la nourriture, la main, la jambe, la verticalité du corps, des chutes d’eau, du ciel, des rayons du soleil, de la pluie.
Pierre Garnier est un citoyen politique de la cité quand il nous rappelle qu’Est féminin la Démocratie, la Marianne, La liberté, L’égalité, la Fraternité, la France !
Mais le poète est aussi un homme sensible la nature (encore un terme féminin!)
« Qui voit les oiseaux boire comprend aussitôt la préciosité de l’eau »
Nos besoins primaires sont simples et naturel pourtant si éloignées de tous ces nouveaux besoins que l'on crée chaque jours au nom de la surconsommation ! Et l’homme se créa ainsi une nouvelle compagne plus à son image : la pollution !
Pollution devenue invisible face à l’immonde arrogance destructrice de l’homme moderne assoiffé de surconsommation, polluant plus que protégeant notre mère nourricière à tous, cette terre qui nous a vu naître et nous verras mourir malgré elle...
Mais qui regarde encore l’oiseau se poser sur la flaque pour repartir aussitôt, laissant la flaque accessible à tous les oiseaux, à tous les pneus éclaboussant le passant. Doisneau est mort et la guerre de l’eau a commencé.
Au milieu d’un tel tumulte, que valent nos amours ? interroge le poète.
« Nos amours donnent d’innombrables sens » propose Pierre Garnier.
Et aimer avec dignité, c’est donner de la dignité à un monde qui semble avoir de moins en moins de sens.
Aimer avec dignité, c’est s’opposer à la vulgarité qui s’empare de notre environnement visuel, sonore, tactile, gustatif, olfactif. Nous le savons tous, nous en prenons conscience chaque jours, puis on souffle calmement en laissant la fatalité du destin de la race humaine faire le reste, faire ce qui au fil des jours puis des siècles, nous éloigne d’un monde idéal, d’un monde digne d’être aimé.
L’auteur nous suggère l’idée que la production de masse pour des masses d’hommes et de femmes n’est qu’une avalanche de vulgarité qui nous éloigne du but premier de leur conquête : un amour pur, paisible, respectable, protecteur, créateur, préservant le futur de l’humanité et la planète qui les accueille.
Or ce qui caractérise notre planète c’est l’eau. Thème central du poème.
Si l’eau est la vie , qui voudrait d’une eau sale, souillé comme peut l’être une femme au détours d’une rue sombre ? Peut-être un homme prêt à se battre pour la sauver, la protéger, la soigner ? Qui sera cet homme ?
Pierre Garnier termine son poème par l’image de l’écoulement du poème.
Les poèmes s’écoulent, nous accompagne, tels les idées, les pensées, notre histoire, précieusement gardé dans des bibliothèques désespérément vides mais respectés pour ce qu’ils sont et ce que nous ne sommes plus : une mémoire.
Prenons garde de ne pas contempler le monde comme on contemple Venise. Venise, ville des amours fastes, somptueux et mystérieux, mais ville des amours passés. Venise se perd, s’enfonce, se ternie. Elle ai aimé mais d’un amour aveugle, venu contempler les restes d’une comédie humaine cernée, fatiguée, nostalgique. Un amour qui s’accroche à des rêves maintenus par les béquilles du marketing touristique et des fondations qui tentent de sauver ce qui peut l’être encore.
Venise, comme la terre, est une vieille dame. Tel un poème qui s’écoule, les rivières et les fleuves millénaires se ternissent faute de se souvenirs de nos origines féminines.
Que serait un monde qui n’éjaculerait plus que pour satisfaire de bas instincts, qui ne se satisferait guère d’amour mais d’excitations pour une vaine conquête des sens négligeant la purification des hommes par le respect du féminin et du masculin, l’universalité de l’amour, des arts, de la nature ?
Ce qui me touche en tant qu’auteur, c’est également cette sensation de partager avec le poète le plaisir de puiser son inspiration dans ce qui nous entoure. Mais la source de nos mots provient aussi d’un certains entourage qui est la source de nos maux…
Cette source, carapace invincible, intouchable, inviolable, c’est notre éternelle dignité malgré les guerres, les holocaustes, les dictateurs, les fascistes et les racistes. Nous avons résisté à la torture, l'humiliation, à la vulgarité des satisfactions facile et rapide, aux jouisseurs égoïstes, incultes et apeurés de ce qu’ils ne connaissent pas. Ainsi sont les ingrédients de nos maux.
Avant que les mots ne chutent avec les hommes, la résistance est notre seule défense !
Du haut de ses 80 ans Pierre Garnier a survécu à toutes les guerres, découvert l’amour au-delà des frontières ennemies, il est un survivant, un combattant de la bêtise humaine. En cela nous avons encore et toujours à apprendre d’un tel homme.
Il vénère le féminin, la femme, l’amour, la nature, l’eau, la vie, l’éternel pureté des sens. Autant de valeurs que l’ont retrouve dans ces poèmes, ces fameux ouvrages qui « gonflent », « saoulent » la majorité des adeptes d’abrutissements faciles offert par les médias actuels.
Pourtant, c’est par ces valeurs que l’humanité sera sauvé. Un artiste pourquoi faire ?
Un poème pourquoi faire ?
Pas seulement pour nous rappeler ce qui est bon en nous, autour de nous mais surtout pour militer, crier, alerter prévenir, sauvegarder un monde en détresse. Une détresse quasi-invisible car aveuglé, cachée, noyé par un siècle de progrès qui n’a de cesse de s’accélérer détruisant tout sur son passage tel un tsunami (pour rester dans l’élément aquatique cher à Pierre Garnier) Adieu culture de l’écrit, place à la culture de l’écran, adieux écrivains et poètes, lecteurs et rêveurs du monde entier, place aux producteurs et aux consommateurs des pays riches.
Pierre Garnier est un poète international car ces valeurs, ces messages, ces appels, sa poésie spatiale, comme l’amour, n’a pas de frontière, ils vont au-delà des langues et des cultures, Pierre Garnier est son œuvre ne sont qu’un, un messager universel !
© Charles Dunajewski Mont l’évêque
Le 11 novembre 2007